Comment réduire efficacement les coûts de transport de votre fonction achats ?

Le coût de transport, au cœur du Coût Total d’Acquisition

Pour optimiser ses achats, il est important d’adopter une approche de Coût Total d’Acquisition (Total Cost of Ownership). Cela consiste à calculer le coût global d’un bien ou d’un service, et ce, tout au long de son cycle de vie.

Pour procéder au calcul du Coût Total d’Acquisition, il faut additionner un ensemble de coûts. Au-delà du prix d’achat, il y a le coût d’acquisition, le coût de possession, le coût de maintenance, le coût d’utilisation, le coût de non-qualité, le coût de retrait…

Dans ce mode de calcul, il y a aussi et surtout ce qu’on appelle le coût induit. Cela prend en compte à la fois le coût de transport, des douanes, des assurances et des conditions de paiement. D’après le cabinet de conseil achats canadien J2, ce coût de transport représente généralement entre 14 et 20 % du coût d’achat des intrants d’une entreprise¹.

Depuis quelques années, on observe une hausse record des prix du fret, exacerbée par la hausse des prix du carburant et les pénuries de personnel. Une récente étude co-menée par Upply, Iru et TI souligne qu’au 3^e trimestre 2022, les prix du transport en Europe avaient augmenté de 19,6 % par rapport à N-2². Alors que le secteur est loin de renouer avec les niveaux pré-pandémiques, les entreprises ont tout intérêt à s’intéresser aux coûts de transport de plus près, quelle que soit la marchandise.

Le cas particulier des achats de classe C

Cette approche est d’autant plus importante avec les achats de classe C. Cette typologie d’achats, qui représente 5 % des budgets pour 50 % des segments, renferme très souvent des coûts cachés considérables. Parce que ces achats sont souvent considérés comme non stratégiques, les entreprises n’ont pas structuré leur gestion.

Dès lors, le Coût Total d’Acquisition est largement dominé par les frais indirects. Parfois, cela va même jusqu’à dépasser le prix d’achat du produit lui-même ! Pour cette typologie d’achats tout particulièrement, il est d’autant plus indispensable d’optimiser le prix de transport.

Fonction achats : comment optimiser les coûts de transport ?

Les directions des achats ont plusieurs leviers à leur disposition pour réduire leurs coûts de transport, tant du côté des fournisseurs que des clients internes.

Rationaliser ses fournisseurs

Par définition, la rationalisation du portefeuille de fournisseurs permet également de rationaliser les coûts indirects. En consolidant ses commandes auprès de fournisseurs de référence, toute entreprise est en mesure de réduire ses frais d’approvisionnement. Pour aller encore plus loin, il est possible de profiter d’un tel projet pour valoriser les fournisseurs qui offrent les solutions les plus compétitives en matière de transport (prix, mode de transport…).

(Encadré) Cette démarche est particulièrement adaptée aux achats de classe C. En effet, ces derniers concentrent en moyenne 75 % du nombre de fournisseurs au sein des entreprises. Le potentiel de rationalisation auprès de distributeurs promet des gains à la fois rapides et significatifs.

S’appuyer sur un réseau local

La localisation géographique de ses fournisseurs est un point à ne pas négliger. Choisir un partenaire implanté dans les mêmes zones géographiques et/ou les mêmes pays que sa propre entreprise permet de réduire les distances, les délais de livraison et les coûts de transport. De plus, cela facilite la mise en place d’accords-cadres, avec la présence d’équipes locales qui peuvent en assurer le bon déploiement. L’existence de partenaires de proximité est d’autant plus importante quand il est question d’achats critiques, qui peuvent souffrir de la complexité du marché fournisseurs et donc de pénuries.

Sensibiliser ses clients internes

Les donneurs d’ordre et les utilisateurs ont également un rôle non négligeable dans le transport amont. Il est important de leur rappeler les bonnes pratiques pour réduire les coûts indirects de leurs achats. Pour cela, il faut veiller à ce qu’ils disposent de descriptions produits exhaustives (taille, poids, fonctionnalités…) afin de limiter les retours.

Il est également possible de mettre en place un système de suggestion automatique de produits complémentaires ou encore un minimum de commande afin de les encourager à massifier leurs commandes. C’est d’autant plus vrai pour les entreprises qui n’ont pas mis en place d’accords-cadres et ne bénéficient pas de conditions commerciales particulières.

Optimiser le transport, vers la décarbonation ?

Il est également intéressant de noter que l’optimisation du coût de transport s’inscrit de facto dans une démarche environnementale. Ces différents leviers, qui s’appuient sur la philosophie Lean, visent l’excellence opérationnelle via l’éradication des gaspillages. Rationaliser ses livraisons, parcourir moins de distance, limiter les retours… Ces actions ont un impact, aussi bien sur les plans économique et financier qu’environnemental. Au-delà du coût de transport, cela concourt également à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport des marchandises.

Pour rappel, le transport de marchandises (transport aérien, transport maritime, transport ferroviaire ou encore transport routier de marchandises) représente 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et jusqu’à 11 % si l’on inclut les entrepôts et les ports.³ Avec la croissance économique des continents asiatiques, africains et latino-américains, la demande mondiale de fret devrait tripler d’ici 2050, ce qui doublerait alors les émissions de gaz à effet de serre⁴ et en ferait ainsi le secteur d’activité le plus émetteur à l’échelle mondiale⁵.Cette démarche est donc aussi vertueuse pour les finances de l’entreprise que pour la planète.

¹ J2, Approvisionnements : votre logistique de transport est-elle au point ?, 2019

² Upply, Europe : la hausse des prix du transport routier se tasse, 2022

³ International Energy Agency, CO₂ Emissions from Fuel Combustion, 2018⁴ International Transport Forum, ITF Transport Outlook 2019, 2019⁵ Rogelj, J. et al., Mitigation Pathways Compatible with 1.5°C in the Context of Sustainable Development. In: Global Warming of 1.5°C, 2018